Le Salon du Livre 2023 au Palais ducal de Nevers : décalé, convivial, inattendu

À Nevers, du vendredi 2 au dimanche 4 juin 2023, s’est tenu le Salon du Livre organisé en partenariat avec le Groupement des Écrivains Médecins, un salon accessible à des auteurs édités, auto-édités, jeunesse, médecins ou pas, romanciers, poètes, essayistes, historiens et j’en oublie. S’ajoutaient une exposition d’artisanat du livre et la reconstitution d’une école d’autrefois. Je vis à 35 km de Nevers. Je m’étais inscrit pour la journée du samedi 3 et je n’ai rien regretté.

https://www.nevers.fr/actualites/2-3-et-4-juin-le-salon-du-livre-et-des-metiers-dart-sinvite-au-palais-ducal

Sous l’œil professionnel de notre administratrice Madame Milcent, nous nous sommes installés aux longues tables des trois magnifiques salles de réception, dont les hauts plafonds atténuaient considérablement la chaleur. De temps en temps, quelqu’un ouvrait l’une des immenses fenêtres à vitraux. Nous n’avons pas vraiment souffert. Au-dehors : pas un nuage. C’était presque un Nevers à la provençale.

Nous avons rapidement compris que le grand beau temps n’allait pas vraiment nous avantager, d’autant que le centre-ville offrait ce même jour une foule d’événements de plein air à proximité du Palais : une fête foraine, une fête du vélo, un marché bien achalandé ou encore, tout simplement, l’attrait des terrasses de cafés assaillis par la clientèle (sans compter mariages et communions).

Les visiteurs étaient rares, souvent âgés. Toujours davantage d’auteurs que de lecteurs. Beaucoup d’entre nous n’ont pas vendu de livres. Ou alors très peu. Et pourtant, je ne regrette absolument rien. Le Salon du Livre s’est transformé en salon littéraire, ce qui n’est pas la même chose : les écrivains y ont échangé non seulement des idées, mais des livres, des adresses mail, des projets de chroniques croisées sur tel ou tel blog, site internet, revue en ligne ou réseau social. Les difficultés rencontrées par les uns et les autres sont à peu près les mêmes, qu’on soit édités ou auto-édités, du reste ; les écrivains de carrière, voire les millionnaires de la plume ne sont qu’une ultra-minorité, une sorte d’oligarchie, qui, du reste, ne fréquente probablement pas les petits salons de province.

J’ai rappelé facétieusement à mon voisin de table, qui s’inquiétait un peu pour ses ventes, cette maxime d’Arthur Schopenhauer sur le passage à la postérité : plus on vend de son vivant, moins on vend après sa mort. Certes, Schopenhauer caricaturait un peu, à l’époque où il rongeait son frein devant les succès de Fichte, Schelling et surtout Hegel, auteurs qu’il traita, à longueur de pages, de « bousilleurs » et de « philosophastres ». Mais il est vrai, pour parler le langage d’aujourd’hui, que le best-seller ou la célébrité littéraire ne font pas le long-seller ou le passage à la postérité. La conversation avec mon voisin a naturellement dévié quelques minutes sur la maîtrise de la concordance des temps chez Mme Annie Ernaux, prix Nobel de littérature – un sujet du moment ; par égard pour cette œuvre remarquable et son autrice distinguée, j’évite ici d’en rapporter le contenu…

Je n’entends point par là qu’il y aurait parmi nous, présents au Salon du Livre de Nevers, le futur Victor Hugo du XXIe siècle… En revanche, je maintiens que le succès commercial n’indique rien par lui-même : ni la technique, ni le talent, encore moins le génie. Car à ce compte-là, un architecte enrichi par la construction en masse de HLM serait supérieur aux bâtisseurs anonymes – et probablement pauvres – des temples grecs ou des cathédrales médiévales. Les actionnaires des chaînes de fast-food, eux aussi, ont plus de « succès » que le bon petit restaurateur bio du coin. Sans compter que le public littéraire ressemble souvent aux clients des fast-foods : j’ai connu des gens (et c’est, hélas, trop fréquent chez les enfants et les ados) qui vomiraient devant une ratatouille ou un pot-au-feu traditionnel tout en s’extasiant devant les horreurs du prêt-à-manger de masse. Toujours se méfier de la masse, surtout lorsqu’elle agit avec la complicité des pouvoirs établis, qui ont tout intérêt, précisément, à entretenir une masse aveugle et satisfaite : cette règle est aussi valable pour les écrivains.

Mais, trêve de contemplations moroses ; les petits contre les grands, on va m’accuser de néopoujadisme ! J’aimerais conclure cet article en mentionnant les œuvres de mes camarades écrivains, ceux-là même avec qui j’ai échangé des exemplaires de mes romans, ce qui m’a permis de repartir avec une PAL (pile à lire) de livres dédicacés qui n’étaient pas les miens. Sur certains d’entre eux, sur tous si j’en ai le temps et la force, je compte écrire des chroniques. Il s’agit donc de :

— M. Pascal Lepetit pour Mélodies, un très joli roman de la vie quotidienne, dévoré ce matin !

https://www.babelio.com/livres/Lepetit-Melodies–De-Delpech-a-Jagger-un-soir-dete-dans-/1518535

— M. Franck Mazière pour Burn-Out aux urgences, un thriller hospitalier, lauréat du prix Nevers cité littéraire 2023.

https://www.fnac.com/a17325870/Franck-Mazieres-Un-sujet-brulant

https://www.babelio.com/livres/Maziere-Un-sujet-brulant-Burnout-aux-urgences/1511419

— Mme Claudine Pinel-Mano pour Identités, roman contemporain situé en pleine crise des Gilets jaunes, lauréate du prix Nevers cité littéraire 2023.

https://www.editions-unicite.fr/auteurs/PINEL-MANO-Claudine/identites/index.php

https://actualitte.com/livres/1501169/identites-claudine-pinel-mano-9782373558050

— Mme Gabrielle DuBasqui pour Les Dragons de l’An mil, fantasy ; mention spéciale pour la sémillante Gabrielle, qui nous a tous incités à échanger nos œuvres !

— Mme Renée-Claude Adolphe pour Les sept mondes d’Ixonara, saga fantastique et ultramarine ; mention spéciale aussi pour Renée-Claude, dite « Claudie », et nos échanges fructueux sur l’imaginaire et l’Histoire.

https://www.babelio.com/auteur/Renee-Claude-Adolphe/454534

Je retiens de cette belle journée une leçon de sagesse : participer à un Salon moins pour vendre que pour connaître, se faire connaître, échanger, se donner l’envie d’écrire encore.

Florian Mazé

Auteur de deux romans d’anticipation « low-tech punk »

2193 : Le crépuscule de humanistes

2194 : Un nouveau pacte avec les dieux

https://www.babelio.com/auteur/Florian-Maze/490234

Dimanche 4 juin 2023

Publié par florian2194

Florian Mazé Ecrivain Auteur des deux romans d'anticipation 2193 Le crépuscule des humanistes 2194 Un nouveau pacte avec les dieux

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